D’après la mythologie grecque : les Hespérides (en grec ancien Ἑσπερίδες / Hesperídes, « filles d’Hespéris, l’Occident, le Couchant personnifié ») sont les nymphes du Couchant, filles d'Atlas et d'Hespéris (...). Elles résident dans un verger fabuleux, le jardin des Hespérides, situé à la limite occidentale du monde. Il n’en avait pas fallu plus à Yuri Levitanov pour investir dans cette île, nord de l’Atlantique, pied-à-terre idéal entre l’Amérique du Nord et l’Europe, et en faire son paradis, peuplé de femmes et d’hommes à son service, et à celui d’une clientèle fortunée voulant échapper aux radars de la loi et autres représentants de la justice. Chacun portrait un pseudonyme en vue de renforcer ce principe selon lequel, tout ce qui avait cours sur cette île ne devait en sortir. Ainsi, Yuri se faisait appeler Atlas et régentait son microcosme d’une main de fer. Ceux qui ne le respectaient pas, le craignaient, quelle que soit leur place dans la hiérarchie de l’Organisation bien huilée qui vendait des services humains de toutes sortes, des substances ou de l’armement. Mais tout commerce a de la concurrence, et là où les forces de l’ordre ne peuvent intervenir, la loi du plus fort prédomine. Sa réputation le précédant, Atlas faisait une parfaite cible pour les ambitieux avides d’argent, de reconnaissance et de pouvoir… Alors que le titan régnait depuis 1992, le sang fut répandu, alors que l’hôtel avait revêtu son habit de lumière pour fêter le passage à l’année 2020 : Escorts, domestiques, artistes, collaborateurs, clients… Les bracelets ne firent aucune différence ce soir-là, alors qu’un attentat visait à détrôner l’autorité en place. Un cartel concurrent venait de faire tomber la tête du titan et de ses plus proches disciples. Tandis que le sang maculait le sable blanc, Poseidon, en ce temps-là en charge de la gestion des évènements organisés par l’hôtel, misa gros en alertant anonymement la police maritime du massacre qui avait lieu sous ses yeux. C’était sa seule option pour espérer échapper à la perpétuité. Comme selon ses plans, Lorenzo Poseidon Harris bénéficierait de protection judiciaire, à deux conditions : La première : l’ancien responsable évènementiel devait fournir un maximum d’informations sur les anciens dirigeants et leurs contacts, et permettre aux personnes exploitées par Yuri Levitanov d’exercer selon des contrats légaux. Soit. Poseidon s’était sans bruit, employé à restaurer tout ce qui pouvait l’être, afin de redorer le blason du Crown Jewels Hotel, présenté à sa réouverture au public à l’été 2020 comme un hôtel de Luxe idéal pour se ressourcer seul, en couple, ou même en famille, au gré des visites exotiques proposées sur l’île, devenue un état indépendant. Des plongées sous marines, des services de spa, agrémentés par la présence de charmantes compagnies dévouées autour de repas gastronomiques, de spectacles exécutés par des virtuoses de leurs arts, sans oublier les petites mains, disponibles à tout moment pour répondre aux attentes d’une clientèle choyée, et aussi prestigieuse que les prestations dont elle se délecterait. Hesperides Island était devenue le trésor du nouveau directeur, dont l’image savamment travaillée tendait à lessiver l’endroit de tout ce sang… Mais il ne fallait pas s’y méprendre. Si le dirigeant était par certains aspects un homme de principes, il n’en restait pas moins un homme d’affaires bien conscient que tout décor a un envers, que l’interdit se vend à prix d’or, et qu’un bon contrat est un contrat dont les termes sont aussi implicites qu’irréfutables… La vie le lui avait appris très jeune, tandis que l’hôtel tendait à s’associer avec l’un de ses contacts de longue date dont tout le prestige réside à Rome… “Les meilleurs spectacles sont de ceux dont les coulisses sont tenues hors de portée du public.”